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ÉLISABETH SETON

sion de cette pauvre demeure, si entièrement à Lui ! Et quand il fut venu, cette première pensée dont il me souvienne : Que Dieu se lève et que ses ennemis soient dissipés ! car il me semblait que mon Roi était venu pour prendre possession de son trône ; tellement qu’au lieu de la bienvenue, humble et tendre, que j’avais pensé lui faire, je ne trouvais plus en moi qu’un sentiment de triomphe, de joie, d’allégresse, de ce que mon Libérateur était venu : mon défenseur, mon bouclier, ma force, mon salut, pour ce monde et pour l’autre. À ce moment, mon cœur se dilatait dans ses transports… et maintenant, ee qu’il faut, c’est produire des fruits. »


Les fruits bénis allaient croître et mûrir au milieu des plus rudes épreuves. Aussitôt que l’abjuration d’Élisabeth fut connue, ses parents rompirent violemment avec elle, Cécilia et Harriet Seton — une toute jeune fille et une enfant — continuèrent seules de la voir quelquefois. Tous ses autres parents ne lui montrèrent plus que de la haine ou du mépris. Elle fut exclue de la bonne société, abandonnée et méprisée de tous, excepté de ses amies, Mme  Sadler et Mme  Dupleix.

Pour comble d’affliction, les affaires de la succession, déjà plus qu’embarrassées, se compliquèrent d’une façon désastreuse, et personne ne voulut prendre les intérêts de Mme  Seton.

Un héritage, qui lui était assuré, passa même, après sa conversion, sur une autre tête.

» Hosannah ! écrivait Élisabeth, la foi en son triomphe est joyeuse… C’est à l’heure de la peine, de l’affliction, qu’elle sent surtout sa joie. Pendant que je suis là fatiguée, pareille à l’oiseau de passage, qu’il m’est doux de voir la foi qui se tient toujours en tête, et fait signe à l’âme épuisée, harassée, pour l’encourager à se soutenir sur ses ailes, et à presser sa course en avant. »