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ÉLISABETH SETON

seule église catholique qu’il y eût alors à New-York — elle abjura solennellement le protestantisme.

M. O’Brien, le desservant de la congrégation irlandaise, reçut son abjuration et Antonio Filicchi en fut le témoin.


« Je m’en revins chez moi, disait Élisabeth, le cœur léger et la tête calme, pour la première fois depuis bien des mois, conjurant Notre-Seigneur d’enfoncer mon cœur le plus avant possible dans son côté ouvert. Oh ! les délices de cette journée avec mes enfants chéris. Oh ! la joie de ce cœur ravi d’allégresse en Dieu, tandis qu’entourée de ces bienaimés, je me mêlais à leurs aimables divertissements. »


Toujours, elle mit par-dessus tout le bonheur d’appartenir à l’Église. « Le monde ! disait-elle, je le donnerais pour aider une seule âme à entrer en possession d’un bonheur semblable[1] à celui qui m’a été donné.


Elle fit sa première communion le 25 mars.


« Que les choses de la terre aillent maintenant comme elles veulent… Je l’ai reçu !… écrivait-elle à Mme Filicchi. Quelles solennelles impressions la veille au soir ! Quelles craintes de n’avoir pas fait tout ce qu’il fallait pour me préparer ! En même temps quels transports de confiance joyeuse et d’espérance en sa bonté. Mon Dieu, jusqu’au dernier soupir de ma vie, je me rappellerai cette veille passée dans l’attente de l’aube du matin, ce cœur agité, tremblant, si impatient de partir… Cette longue course avant d’arriver à la ville, chaque pas me rapprochant de la rue, de l’église ; plus près encore de l’autel ; plus près encore du tabernacle, d’où il allait descendre pour prendre posses-

  1. Comme elle était sur son lit de mort, quelqu’un lui ayant demandé :
    — Quelle est la plus grande grâce que vous penser, avoir reçue de Dieu ?
    — C’est d’avoir été amenée à l’Église catholique, répondit-elle vivement et sans la moindre hésitation.