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ÉLISABETH SETON

je pouvais entrer ici et baiser les marches de son autel !… Visiter ici mon Sauveur, répandre, chaque jour, mon âme en sa présence, ah ! c’est mon suprême désir. Mais, Antonio, est-ce que jamais j’oserais apporter en ce lieu mon esprit hésitant, troublé, irrésolu ? »…

« N’est-ce pas, Antonio, vous qui savez où appuyer votre esprit d’un appui si sûr, vous devez sourire de ce que vous dit votre pauvre sœur, comme on sourirait des divagations d’une imagination malade. Mais songez qu’ici mon âme est en jeu ! et ces chers petits enfants, qui partageront mon erreur soit que je change ou que je demeure où je suis ! Le point, terrible pour moi, c’est d’avoir un esprit tourné par ce qu’il a d’instruction, tandis que mon âme n’a pas la lumière. À un tel mal, il n’y a qu’un remède. Mon Dieu, enseignez-moi le chemin où je dois marcher. Je remets mon esprit entre vos mains ; Seigneur que voulez-vous que je fasse ?… À propos d’une foulure au pied, M. Hobart a envoyé savoir de mes nouvelles ; me voici très contente d’avoir une excuse pour ne plus entendre ces conversations qui ne mènent à rien. »


XIII


Très affligé des nouvelles reçues, M. Filippo Filicchi écrivait de Livourne à Mme  Seton :

« Quand vous nous avez quittés, aucun doute ne demeurait dans votre esprit. Quelle imprudence d’avoir soumis votre détermination à la censure de ceux qui ne pouvaient évidemment manquer de la combattre ni d’introduire le trouble et l’inquiétude dans votre conscience ! L’agitation et l’angoisse se sont emparées de votre esprit ; votre cœur est devenu pusillanime, vos résolutions se sont évanouies, votre raison s’est couverte de nuages, votre entendement s’est rempli d’obscurité. »