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ÉLISABETH SETON

impossible que j’en fasse jamais partie, à moins qu’une voix descendant du ciel ne vienne directement m’y appeler[1].

À la date du 6 septembre 1804, Mme  Seton écrivait à Mme Antonio Filicchi :


« Jusqu’à présent, je n’avais pas souffert l’épreuve d’une si triste lassitude de la vie. Mes délicieux petits enfants, autour de la table où ils étudient, ou près de mon foyer le soir, me font oublier un peu cet indigne abattement, qui vient, je crois, de la continuelle application de mon esprit à tous ces livres qu’on m’apporte pour mon instruction, et surtout, aux prophéties de Newton. Ce n’est pas que votre pauvre amie se trouble aisément des faits sur lesquels ce livre s’appuie… Cependant, il m’est resté dans le cœur une impression si pénible, si triste, que tout en est assombri, troublé. Je dis les psaumes de la pénitence, sinon dans l’esprit du prophète royal, du moins avec ses larmes. Elles se mêlent réellement à ma nourriture ; elles baignent la couche de votre pauvre amie. En même temps, je sens en moi une telle confiance en Dieu, qu’il me semble qu’il n’a jamais été si véritablement mon Père et mon tout. À notre prière du soir, Anna me caresse doucement, pour obtenir que je dise le « Je vous salue, Marie » ; et les autres enfants s’écrient tous ensemble : « Oh ! apprenez-le-nous, apprenez-le-nous, chère maman ». Jusqu’à la petite Rébecca, qui essaie de le balbutier, elle qui peut à peine parler. Et moi, je demande à mon Sauveur : Pourquoi ne le dirions-nous donc pas ? S’il est quelqu’un au ciel, assurément ce doit être sa mère. Les anges, qu’on nous représente s’intéressant si fort à nous sur la terre[2], sont-ils plus compatissants, plus puissants qu’elle ? Ô Marie, notre mère ! oh ! non, il n’en peut être ainsi. C’est pourquoi, avec la confiance et la tendresse d’une

  1. Lettre à Antonio Filicchi.
  2. L’anglicanisme admet le culte des anges.