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ÉLISABETH SETON

tristesse. Elles sont douces cependant ces larmes ; elles sont douces ces peines ; et grande est ma consolation, de voir que si la source toute-puissante de la lumière ne me visite pas encore de ses bienheureuses clartés, au moins ne permet-elle pas que je demeure satisfaite et insensible au milieu de mes ténèbres. »


Peut-être n’est-il pas ici-bas un spectacle plus digne de Dieu que ce travail d’une âme qui cherche la lumière ; mais l’étoile disparue ne se levait pas. « Les Écritures, ma consolation autrefois, et mes délices, me sont devenues une source de peines, écrivait Mme  Seton. Chaque page que j’ouvre jette le trouble en ma pauvre âme. Je tombe à genoux, et aveuglée par mes larmes, je crie vers Dieu pour qu’il m’instruise lui-même… Autrefois, après les six jours écoulés, avec quelle joie je voyais arriver le cher jour du dimanche, comme l’ample dédommagement de n’importe quels chagrins ou soucis que j’avais pu avoir pendant la semaine. Maintenant c’est avec inquiétude que je consulte le coucher du soleil, tant j’ai peur qu’il ne m’annonce une belle matinée qui m’ôterait toute excuse pour ne pas aller à l’église.

« Quand je passe le long de la rue qui conduit à notre église, mon cœur se débat, et il s’écrie : « Oh ! Seigneur, dites-moi où je dois aller ! » Avant de quitter la maison, je demande toujours à Dieu de me pardonner si vraiment je passe devant la demeure où il réside, sans m’y arrêter. Et quand je me trouve à l’église, oh ! combien souvent mon âme se sent appelée dans la petite chapelle de Santa Catarina, là où je me sois vue tant de fois à côté de votre Amabilia… Si votre Église est celle de l’Antéchrist, si votre culte est une idolâtrie, mon âme partage ce crime, malgré la résistance de ma volonté. Si vous pouviez, savoir, mon frère, tout ce qu’on offre à mon esprit d’images horribles, révoltantes, pour m’éloigner de votre Église, vous diriez qu’il est