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ÉLISABETH SETON

roir la cime blanche des montagnes, colorée des feux du soleil ; la lune qui apparaissait de l’autre côté du rivage ; plus encore ce doux état d’une âme en paix avec elle-même, d’une âme fidèle à son cher Seigneur : tout a fait revivre en moi le souvenir des heures qui me furent les plus précieuses. Mon Dieu, mon Dieu ! ne m’abandonnez pas !… Les Pyrénées séparent l’Espagne d’avec la France. Hélas ! des centaines de lieues me séparent des chers Highlands de mon pays. Dieu ! patience ! espérance ! »


26 avril.

« Nous avons passé les détroits, et j’ai vu Gibraltar, avec mille souvenirs amers de ce qu’avait souffert mon William à notre passage ici.

« Il y a deux journées dont je n’ai rien écrit, et pourtant je ne veux pas les oublier : l’une, où nous eûmes en vue les grandes Alpes, qui séparent l’Italie de la France ; l’autre, où nous fûmes arrêtés par un calme plat, en face de la ville de Valence, entourés de tous côtés par la flotte de lord Nelson. Nous fûmes abordés par le Belle-Isle ; et le soir d’avant, nous l’avions été par l’Excellent, de soixante-quatorze canons. »


25 mai.

« Le corail dans l’Océan est une branche d’un vert pâle. Retirez-la de son lit natal, elle devient ferme, ne fléchit plus, c’est presque une pierre. Sa tendre couleur est changée en un brillant vermillon : ainsi de nous, submergés dans l’océan de ce monde, soumis à la vicissitude de ses flots, prêts à céder sous l’effort de chaque vague et de chaque tentation.

« Mais aussitôt que notre âme s’élève, et qu’elle respire vers le ciel, le pâle vert de nos maladives espérances se change en ce pur vermillon du divin et constant amour. Alors, nous regardons le bouleversement de la nature et la chute des mondes avec une constance et une confiance inébranlables. »