Page:Conan - Elisabeth Seton, 1903.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
ÉLISABETH SETON

« Vous ne serez point tenté au delà de vos forces. Au sein même de votre épreuve, une voie se trouvera par où vous pourrez échapper. Cette voie, Seigneur, il faut que je la cherche, ou je suis perdue. Point de ressources du dehors : c’est en votre saint nom, en lui seul que doit être mon refuge. Nous voilà donc en chemin une fois de plus, ne comptant que sur vous seul, précédés de votre bannière, et portant votre croix. Si cet ennemi que nous ne pouvons fuir paraît devant nous, nous le regarderons en face, en invoquant votre saint nom : Jésus, Jésus, Jésus !

« Seigneur, fortifiez nos âmes ! que tant de fermes propos ne soient pas de vaines paroles. Seigneur Jésus-Christ, ayez pitié de nous !

« Quand mon âme met son espérance en son Dieu, se sentant prête à renoncer à tout en ce monde, et à tenir les plus chers liens de la vie pour moins que rien, au prix de son amour ; quand cette âme, sincèrement résolue à servir Dieu et à lui obéir, se voit assiégée par les bas mouvements de la nature ; et malgré ses prières, ses larmes, ses pénitences les plus rigoureuses, tentée, du moins en apparence, de céder aux humiliantes suggestions du mal, ah ! c’est l’œuvre assurément de l’ennemi du salut… Mais quoi ! ne le sait-il donc pas ? nous avons juré fidélité inviolable à notre Dieu. Le Seigneur est avec nous.


23 avril.

« Cette journée, nous l’avons passée toute entière en vue des Pyrénées. Je ne pouvais me lasser de les contempler avec délices depuis leur base, noire comme le jais, jusqu’à leurs sommets éblouissants, couverts de neige et perdus au-dessus des nuages. Elles me parlaient si haut de Dieu ! Mon âme leur répondait involontairement dans le doux langage de la louange. Le paisible mouvement de la mer, si calme qu’on pouvait y voir comme en un mi-