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ÉLISABETH SETON




Il y a déjà quatre-vingts ans que Madame Seton s’est éteinte à Emmetsburg, mais, loin de plonger dans l’ombre, sa mémoire grandit. D’après quelques journaux, les évêques des États-Unis songeraient à demander la canonisation de cette illustre convertie. On a même annoncé que le président de l’Université de Niagara était chargé de recueillir les preuves de l’héroïcité de ses vertus.

Quoi qu’il en soit, Élisabeth Seton est l’une des gloires de l’Amérique et son histoire offre un grand intérêt.

Cette femme comblée de tous les dons a éprouvé toutes les vicissitudes humaines ; elle a connu les ardentes tendresses, les joies qui transportent et aussi toutes les angoisses, tous les déchirements de la douleur. Encore protestante, elle s’est élevée à une admirable vertu : « Je ne regarde ni en arrière, ni en avant, je regarde en haut, » disait-elle dans l’écroulement de son bonheur, l’un des plus complets qu’une créature mortelle ait jamais possédés. Et ces mots la révèlent et la peignent.

Attirée vers le catholicisme, avant d’arriver à la conviction qui oblige, elle passa à travers les ténèbres et les agonies du doute. Tous les liens du sang, de l’intérêt, de l’affection, du souvenir l’attachaient à la religion où elle était née. C’est par de sanglants sacrifices qu’elle parvint à l’entière vérité, à l’éclatante lumière.