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ÉLISABETH SETON

Mme Seton suivit ce conseil. Elle espérait voir ses doutes se dissiper, elle espérait recouvrer bientôt la paix et, confiante dans l’efficacité de la prière, elle redisait sans se lasser les vers de Pope :


If I am right, thy grace impart,
Still in the right to stay ;
If I am wrong, teach, oh ! teach my heart
To find the better way, »


Le Christ amoindri du protestantisme avait tenu en son cœur une grande place ; elle avait aimé le Dieu de la crèche, le Dieu du Calvaire : et Celui que son amour allait chercher au plus haut des cieux semblait se plaire à lui faire sentir qu’il n’a pas abandonné ses rachetés. Elle ne pouvait entrer dans une église sans se sentir envahie par une étrange et pieuse émotion, sans éprouver un sentiment extraordinaire de ferveur.

Elle tâchait de ne point trop s’arrêter à ces impressions et travaillait sérieusement, consciencieusement à s’éclairer. Les entretiens avec les Filicchi lui étaient d’un grand secours. Filippo écrivit pour elle une exposition de la foi catholique. Il y prouvait que le dogme bien compris de l’autorité et de l’infaillibilité de l’Eglise lève toutes les difficultés.

Que la véritable Église doive tirer son origine par une succession continue d’engendrements spirituels de la société même que fondèrent les apôtres, c’est un point de sens commun. « Il n’y a donc, disait Bossuet, qu’à ramener toutes les sectes séparées à leur origine. Nulle ne pourra remonter sans interruption à Jésus-Christ ; le point de la rupture demeure toujours sanglant, et le caractère de nouveauté que toutes les sectes portent sur leur front les rendra toujours reconnaissables. »

Avec la plus entière bonne foi, Élisabeth avait cru longtemps marcher dans la voie la meilleure. Ses convictions religieuses étaient fort ébranlées, et c’était surtout