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ÉLISABETH SETON

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Filippo et Antonio Filicchi avaient un esprit supérieur ; ils avaient aussi d’admirables vertus. Très riches et encore plus généreux, les deux banquiers faisaient un bien immense. Leur union était parfaite, leur foi humble et vive : et Mesdames Maria et Amabilia, toutes deux catholiques ferventes, faisaient aussi grand honneur à leur religion.

À cette époque douloureuse et solennelle de sa vie, il aurait été bien difficile de mieux entourer, de mieux placer Élisabeth ; et dans cet intérieur béni elle vit promptement s’évanouir beaucoup de ses préjugés.

L’affection des Filicchi pour William Seton avait été le premier mobile de leur empressement auprès de sa jeune veuve. Mais ils n’avaient pas tardé à reconnaître la valeur personnelle d’Élisabeth. Son courage, sa droiture extrême, sa fidélité héroïque à tous ses devoirs leur faisait espérer que la Providence avait tout disposé pour amener cette âme d’élite à la véritable Église.

Jamais encore Élisabeth n’avait été en rapports avec des catholiques ; elle était naturellement portée à s’enquérir des doctrines et des pratiques de l’Église romaine. Et un jour qu’elle avait fait à Antonio Filicchi quelques questions sur les différences des religions, il lui répondit qu’il n’y a qu’une religion véritable.

Cette parole jeta Mme  Seton dans un grand trouble ; le doute était entré tout à coup dans son âme. M. Filicchi, qui s’en aperçut, ne craignit pas de revenir à la charge.

« Votre cher William a été le meilleur ami de ma jeunesse, lui dit-il, et vous avez pris sa place dans mon cœur. L’Océan va bientôt nous séparer, mais je veux vous avoir avec moi en paradis.

« Priez, priez, implorez la lumière. »