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ÉLISABETH SETON

tous les Américains et les Anglais qui s’y trouvaient assistèrent aux funérailles[1].

La famille Filicchi offrit l’hospitalité à Élisabeth. J’ai dit plus haut que Mme  Filippo était une Américaine[2]. Elle accueillit son infortunée compatriote comme une sœur, et Mme  Antonio ne se montra ni moins empressée, ni moins sympathique.

Mais les soins délicats dont Mme  Seton fut entourée la laissèrent d’abord comme inconsciente. Son âme était dans cet au-delà mystérieux, impénétrable où William venait de disparaître ; et, sous le coup de la séparation, elle ne savait plus que répéter : « Ô Dieu, vous êtes mon Dieu, et me voilà seule, seule avec vous, mon Dieu, et mes chers petits. »

« Comme il est difficile, disait Alexandrine de la Ferronnays, de s’accoutumer à penser que l’amour, le bonheur et la jeunesse, l’avenir sur terre, que tout cela est fini, que toutes les espérances, tous les rêves de félicité terrestre sont à tout jamais anéantis ! »

On le comprenait autour d’Élisabeth, et pour l’arracher à son accablement les Filicchi l’emmenèrent à Florence. Au sortir du lazaret, Mme  Seton fut logée dans un palais des Médicis ; les splendeurs de l’art lui apparurent pour la première fois, et le 8 janvier qui était un dimanche, Mme  Antonio lui proposa de l’accompagner à la chapelle della Santissima Annunziata.

Jamais encore Mme  Seton n’avait assisté à la messe, jamais elle n’était entrée dans un temple catholique. Saisie d’un respect inexprimable, elle tomba à genoux et sans souci de ce qu’en pourraient penser ceux qui l’entouraient, elle pleura longtemps, mais avec un avant-goût du ciel.

  1. La tombe de William Magee Seton se voit encore dans l’ancien cimetière protestant, quartier del Casone via degli Elisi.
  2. Maria Cowper, de Boston.