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ÉLISABETH SETON

un faible mouvement et par un regard de paix… À sept heures et un quart, le mardi matin, 27 décembre, son âme a été délivrée ; et aussi la mienne a été délivrée d’une angoisse voisine de la mort. — La vraie sœur de mon âme, qui n’a pas été témoin de ce qu’a souffert mon pauvre William, ne comprendra peut-être jamais que j’aie pu prendre dans mes bras ma petite Anna, et l’agenouiller près de ces chers restes, et lui faire rendre grâces avec moi à notre Père céleste d’avoir délivré notre bien-aimé de ses misères… Après, ouvrant la porte, pour faire savoir aux gens de la maison que tout était fini, tous, les serviteurs et la maîtresse de la maison se montrèrent fort en peine de ce qu’il fallait faire. Les voyant : tous épouvantés de s’approcher de nous, comme si nous avions eu la fièvre jaune, j’ai fait venir deux femmes, des laveuses qui s’étaient déjà employées pour moi, et ayant fermé la porte, moi toute seule, avec leur secours, j’ai accompli près de lui le dernier de tous les devoirs ; et après, j’ai senti que j’avais fait tout, oui, tout ce que le plus tendre amour et le devoir pouvaient faire. »


IX


À la mort de ceux même qu’on a le plus aimés, il est bien rare qu’on puisse se rendre ce doux et glorieux témoignage. Quand tous les torts, tous les manquements sont devenus à jamais irréparables, les meilleurs d’entre nous savent quels regrets amers s’élèvent dans l’âme.

Noble exception dans l’égoïste humanité, Mme Seton avait été jusqu’au bout de ses forces dans le devoir et dans l’amour. Et les gens de la maison qu’elle habitait, émerveillés de son courage, de son dévouement sans bornes, s’écriaient naïvement : « Si elle n’était pas une hérétique, elle serait une sainte. »

Le corps de William Seton fut transporté à Livourne et