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ÉLISABETH SETON

de voir que j’étais encore debout. Je lui ai dit : « Mon cher amour, les pensées les plus douces éloignent de moi le sommeil ; la nuit de Noël est commencée… »


26 décembre.

« Il était si impatient, de partir ! À peine, si j’ai pu obtenir qu’il me permît d’humecter ses lèvres. Il ne cessait de demander à son Rédempteur de lui pardonner et de le délivrer. Comme il voulait toujours que sa porte fût tenue fermée, je n’ai pas été dérangée d’auprès de lui. Carleton s’était chargé de tenir Anna éloignée. Je ne cessais de lui rappeler les promesses de l’Écriture et les prières que ma mémoire me rappelait. Il n’y avait que cela uniquement qui parût le soulager. Si je m’arrêtais un instant pour lui rendre quelque soin, il me disait : « Que fais-tu là ? de quoi ai-je besoin ? Je n’ai besoin que d’aller au ciel. Prie, prie pour mon âme. » Il se sentait si consolé dans la confiance que son Rédempteur le recevrait ! Il croyait voir devant lui sa chère petite Rebecca qui lui souriait. Il a dit à la petite Anna : « Oh ! si ton père pouvait t’emmener ! » — À minuit, la sueur froide est venue, il a essayé d’étendre ses deux bras hors de son lit, et il a répété à plusieurs reprises : « Tu m’as promis que tu repartirais. Viens, viens, sauvons-nous ! » — À quatre heures, la lutte violente a cessé. Seulement quelques faibles sanglots, de longs soupirs… quelques mots : « Ma chère femme, mes chers petits ! »… et « mon Seigneur Jésus-Christ, ayez pitié de moi, recevez-moi… » C’est tout ce que j’ai pu distinguer. Et encore à plusieurs reprises : « Jésus-Christ ! … Jésus-Christ ! » Et ainsi jusqu’à sept heures et un quart, que sa chère âme a pris son vol vers la nouvelle et bienheureuse demeure après laquelle il soupirait.

« Je lui demandais souvent, quand déjà il ne pouvait plus parler : « Tu sais bien, mon cher amour, que tu vas vers ton Rédempteur. » Et il me répondait : « Oui » par