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ÉLISABETH SETON

heures, deux hommes ont assis mon William sur leurs bras, pour le porter du lazaret à la voiture des Filicchi. Je lui tenais la main. Une foule de gens nous entouraient et répétaient avec des soupirs : Poverino ! Le cœur me battait à croire que j’allais me trouver mal, de la crainte que j’avais de le voir mourir. Mais le grand air l’a ravivé. Son esprit était tout remonté. Il s’est soutenu pendant un trajet de quinze milles, par une route pénible ; et, en arrivant, il a paru plus fort qu’au moment du départ. — Mon Père et mon Dieu — c’est là tout ce que pouvait balbutier mon cœur débordant de gratitude. »


20 décembre.

« Laissez-moi m’arrêter ici, me demander si je suis en état de continuer ces pages avec la même sincérité, la même exactitude scrupuleuse. Engloutie sous ce flot d’afflictions qui s’est abattu sur moi dans un si court espace de temps, me sera-t-il possible de maîtriser l’émotion qui me suffoque et de conserver mon âme dans sa solitude avec son Dieu ?… Oui, je continuerai d’écrire, car chaque moment est à sa louange et mérite d’être rappelé. — Mon William a été tranquille la plus grande partie de la journée, étendu sur un canapé, heureux du changement de sa situation, charmé du goût et de l’élégance de toute chose autour de lui. Tout ce qu’il peut souhaiter, il l’a maintenant à sa portée. Nous avons lu, causé, comparé le passé avec le présent, parlé des espérances célestes ; puis nous avons eu de bonnes heures avec notre cher Carleton, qui était venu ici pour nous donner quatre jours. Tout annonçait que nous pouvions espérer une bonne nuit : mais, à peine avais-je arrangé les coussins du sofa qui me sert de lit, que je l’ai entendu qui m’appelait pour le soutenir. À partir de ce moment, les derniers symptômes, ceux que le docteur Tutilli m’a dit devoir être les derniers, se sont manifestés. »