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ÉLISABETH SETON

M. Filicchi et le commandant ; ils ont promis de revenir. — Nos journées et nos soirées se passent à nous occuper du seul nécessaire, avec une attention de plus en plus soutenue. J’ai écrit, car, par moments, pour me tenir éveillée, je ne trouve d’autre moyen que de revenir à cette vieille habitude… William ne va pas plus mal, mais je suis bien occupée auprès de lui. Anna est un trésor. Elle lisait hier dans son Évangile que Jean-Baptiste avait été mis en prison. Oui, papa, disait-elle, Hérode le mit en prison, mais Hérodiade le délivra — non, ma chérie, Hérodiade demanda qu’on le fît mourir. — Eh bien, papa, elle le délivra de sa prison et l’envoya à Dieu. — Enfant selon mon cœur ! »


13 décembre.

« Cinq jours encore, et notre quarantaine sera finie. Nos logements sont retenus à Pise, sur le bord de l’Arno. Autrefois, le seul nom de ce fleuve célèbre éveillait en mon esprit mille visions poétiques. Il n’y a plus de place aujourd’hui pour les visions de la poésie ; une seule image est là, devant moi.

« Personne n’a jamais vu mon William sans être charmé de son amabilité et de l’attrait de toute sa personne. Mais voir maintenant ce caractère aimable transformé jusqu’à faire de lui le chrétien le plus doux, le plus humble ; soumis à la volonté de Dieu avec une patience plus qu’humaine, affermi dans sa foi par la piété la plus ardente, c’était une consolation qui m’était réservée à moi, pauvre femme et pauvre mère, destinée à ne plus connaître aucune des autres joies qui accompagnent un tel bonheur. Il n’est ni souffrance maintenant, ni défaillance, ni angoisse qui puisse l’empêcher de me suivre chaque jour dans la prière, la récitation de nos psaumes, même dans la lecture souvent très prolongée de nos Saintes Écritures. S’il se sent mieux, il redouble d’attention ; quand