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ÉLISABETH SETON

« Depuis que je ne vous ai vue mon William a beaucoup souffert. Ils disent tous que c’est témérité, que c’est presque folie à nous d’entreprendre ce voyage, mais vous savez que nous ne raisonnons pas ainsi. Nous allons partir. Nous nous appuyons sur Dieu, notre unique force. Mon âme est remplie de reconnaissance envers lui ; car assurément, avec tant de sujets que nous avons de renoncer toutes nos espérances ici-bas, nous irons chercher naturellement, sans le moindre effort, là-haut, notre repos. Mon Dieu ! se peut-il bien que nous soyons là réunis un jour, sans crainte d’être séparés jamais ! Je m’appuie sur une foi ardente ; et alors je sens que tout est bien, que tout repose en la miséricorde de Dieu ; qu’il vous bénisse », chère Éliza, comme mon âme vous bénit. Et maintenant je suis hors d’état, de rien vous dire, si ce n’est que vous preniez souvent entre vos bras mes chers petits enfants ; et encore, que vous ne laissiez jamais vos pensées s’arrêter sur quoi que ce soit venant de moi qui aurait pu vous faire de la peine. Je sais bien que vous ne l’auriez pas fait ; mais, voyez-vous, quand je pense à tout ce que j’aime, il me semble que je touche à mon heure dernière. »

Le 2 octobre, M. et Mme Seton s’embarquaient avec leur petite fille sur le brick The Sheperdess.

L’affection d’Élisabeth pour Rebecca Seton avait grandi avec les souffrances et les épreuves. Sa belle-sœur lui était une force, un appui. S’en séparer lui fut par-dessus tout, pénible : et à cette amie incomparable, confidente de toutes ses pensées, elle promit le journal des événements et des impressions du voyage.


VIII


Le départ arracha bien des larmes à Mme Seton, mais elle retrouva bientôt son énergie. Le 3 octobre, au sortir de la baie de New-York, elle écrivit à Rebecca :