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ÉLISABETH SETON

Chargé de veiller aux intérêts aussi divers qu’importants de ses douze frères et sieurs, William Seton, à peine âgé de trente ans, se trouva seul à la tête d’immenses affaires.

Les difficultés s’aggravèrent entre les États et le continent. Les fonds américains furent saisis, l’embargo mis sur les vaisseaux ; les cargaisons furent enlevées par les corsaires et même par les vaisseaux de guerre. Chaque navire qui rentrait dans la baie de New-York apportait à M. Seton de sinistres nouvelles. Mais sa femme était auprès de lui, le soutenant, le reportant vers les hautes pensées. Pour mieux remplir son devoir, elle s’appliqua à l’étude des affaires et adoucit les travaux de son mari en les partageant. Elle consacrait à l’examen de ses combinaisons, de ses calculs, non seulement ses jours, mais souvent ses nuits.

La courageuse femme écrivait à sa belle-sœur Rebecca : « Je voudrais pouvoir vous écrire une longue lettre, sans vous dire un seul mot de nos affaires. Elles sont si tristes qu’on n’y peut penser. Mais cela ne dépend nullement de William. Jamais mortel ne supporta avec autant de fermeté les coups de l’adversité qui vont toujours s’appesantissant. »

L’importance des intérêts en jeu n’avait point désuni la famille Seton. « Notre bien-aimé père, écrivait Élisabeth, avait élevé ses enfants dans les sentiments d’une telle harmonie, d’une telle affection, tous y annoncent ou y possèdent de si bonnes et si aimables dispositions, que si William peut seulement arriver ce qu’il leur reste un peu de bien-être, nous conserverons nos espérances de bonheur. »


VI


L’immense fortune était presque anéantie. Madame Seton abandonna sans regret sa somptueuse maison de