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ÉLISABETH SETON

sais vraiment pas comment je pourrais supporter ma joie. Mais, dira-t-on, vous n’avez donc pas peur de mourir ? Il est vrai, une pécheresse comme moi devrait avoir peur ; mais je serais plutôt portée à craindre de vivre, car je sais bien que chacun de mes examens du soir me force d’ajouter au poids de ma dette. Je ne crains pas la mort moitié tant que ma chétive et détestable personne. »

Elle souffrait beaucoup : mais, sans les gémissements que la douleur lui arrachait pendant le sommeil, on n’aurait pu se douter de ce qu’elle endurait. Elle conserva jusqu’à la fin cette aménité, cette grâce qui rendait son commerce si agréable.


« Je suis faible, il est vrai, disait-elle ; mais chaque jour se passe si calme et si heureux ! Si c’est là le chemin qui mène à la mort, rien de si paisible et de si doux. Mais, dussé-je en revenir, que c’est une chose délicieuse de reposer entre les bras de Notre-Seigneur ! Je n’ai jamais si bien senti la présence de ce Sauveur bien-aimé, que depuis que je suis malade. C’est comme si je le voyais, lui, le bon Jésus, lui et sa sainte Mère, ici, continuellement assis à mes côtés, sous une forme visible, pour me consoler, me récréer, m’encourager. Cela vous surprend, disait-elle, à celles qui l’écoutaient, vous allez rire de mes imaginations. Celui qui est notre tout a bien des manières de consoler ses petits atômes. »


Elle parlait souvent du bonheur de mourir catholique ; et comme Antonio Filicchi avait été le premier instrument dont la Providence s’était servie pour l’attirer à l’Église romaine, ne sachant comment prouver sa reconnaissance, elle lui avait écrit qu’elle s’offrait à Dieu pour souffrir à sa place tout châtiment qu’il aurait pu encourir pour quelque péché que ce fût en sa vie.[1]

  1. Antonio Filicchi mourut à Livourne en 1847.