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ÉLISABETH SETON

peut avoir, votre ami le plus affectionné et le plus fraternel ».


Revoir son fils, l’embrasser, l’admirer dans la force élégante de sa jeunesse fut pour Élisabeth un bonheur que les mots n’expriment pas.

Elle accepta avec joie et reconnaissance la généreuse proposition d’Antonio Filicchi, et, peu après le départ de Richard pour Livourne, William entra dans la marine des États-Unis avec le rang de midshipman. De sa frégate l’Indépendance, il écrivait à sa mère :


« Si je n’écoutais que mon cœur, aucune joie sur terre ne pourrait m’éloigner de vous… Il y a un courant dans nos destinées. S’il n’en était pas ainsi, je ne concevrais pas ce qui a pu m’arracher d’auprès de vous. Je me plais toutefois à regarder en avant, vers le temps où, s’il plaît, à Dieu de me conserver, je vous tiendrai de nouveau dans mes bras ».


« Il y a tant de choses que votre mère devrait vous dire, répondait Élisabeth encore toute brisée de la séparation, mais elle est hors d’état de rien dire. Regardez en haut, fils bien-aimé de mon âme, levez les yeux vers ces cieux si purs, vous y lirez ce que votre mère voudrait vous dire, et vous y lirez aussi ce que vous diraient les âmes de nos bien-aimées que nous avons vues partir… Ne me refusez pas de vous retrouver là où nous ne nous séparerons jamais ».

« La vie est une mort, en vérité, dans une séparation si dure, écrivait-elle plus tard. Ce qu’on appelle la force d’âme, je crois que j’en sais quelque chose en toute rencontre ; mais celle-ci ébranle mon âme elle-même. Et vous savez bien pourquoi, mon bien-aimé ; ce n’est pas tant à cause de cette séparation momentanée si dure qu’elle soit, mais !… Dire de quelle façon je vous tiens enveloppé dans