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ÉLISABETH SETON

jamais exprimé en quittant ce monde : — « Dites-lui seulement qu’il vienne vers moi, » murmura-t-elle, quand déjà elle n’avait plus assez de force pour supporter d’entendre parler de vous pendant plus d’un instant.

« C’est dans les bras de sa mère, c’est sur ce cœur qui l’aimait, tant, qu’elle a rendu le dernier soupir. Neuf semaines, nuit et jour, je l’ai tenue entre mes bras ; bien souvent, prenant ma nourriture avec une main, derrière son oreiller, tandis qu’elle reposait sur mes genoux. Dans ses souffrances, elle ne trouvait ni trêve, ni soulagement qu’en sa mère bien-aimée, en sa pauvre mère. J’étais si heureuse de souffrir avec elle ! Je n’ai pas eu un seul moment conscience de fatigue ni de mal. Soyez sans crainte pour votre mère, mon bien-aimé William. »


« Son âme se soutint sur ces hauteurs sereines. Une force divine la transportait hors de ce monde. Au milieu des misères, des difficultés et des douleurs de la vie, elle avait commencé la vie du ciel :

« Ma petite chambre a une fenêtre vers le bois où mes bien-aimées sont endormies. Je regarde de ce côté vingt fois par jour, et mon cœur se maintient en haut. C’est par là que je commence le matin, c’est par là que je finis le soir. Puis, je me dis : Plus de douleur maintenant ! en haut ! en haut ! belles et joyeuses âmes ![1] »


XXVII


C’est au mois de juin 1817 que la législature du Maryland accorda l’existence légale à la Congrégation des Sœurs de la Charité. C’est aussi en 1817 que les catholiques de New-York, touchés du bien opéré par les Sœurs à Philadelphie, voulurent avoir un orphelinat. Cette ville où Élisabeth

  1. Lettre à Mme  Scott.