Page:Conan - Elisabeth Seton, 1903.djvu/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.
115
ÉLISABETH SETON

pourvu que votre espérance ne s’appuie pas sur vos mérites, mais sur la miséricorde de Dieu et les mérites de Jésus-Christ. — Ah, répondit-elle, quels mérites une pauvre enfant comme moi peut-elle avoir !

Mais, à la dernière heure, l’angoisse la saisit : « Mon amour a été si faible, si imparfait, disait-elle. Ma mère, j’ai été si peu fidèle, j’ai si mal prouvé mon amour. »

Elle baisait sans cesse le petit crucifix qu’elle portait à son cou : « Mon âme délaissée se suspend à toi, lui disait-elle. » Puis, transportée de joie elle se mit à chanter un hymne qu’elle aimait : « Allons, levons les yeux, je verrai le chemin de la vie. » Elle languit encore quelques heures dans des souffrances indescriptibles, et ses cruelles douleurs augmentèrent jusqu’à la fin.

Quand la sainte enfant eut rendu le dernier soupir, Élisabeth lui ferma les yeux ; aidée de l’une des Sœurs, elle la porta sur le lit où la pauvre petite n’avait pu reposer, même pour y mourir. Penchée sur son visage inanimé, elle resta longtemps à la regarder, à la caresser, à l’embrasser, répétant avec une infinie tendresse :

« Ma Rébecca, ma Rébecca, ma chère petite enfant !…  » Puis levant les yeux au ciel, elle s’écria dans une sorte de transport : « Mon Dieu, mon enfant bien-aimée est avec vous. Elle ne peut plus vous offenser, et je vous bénis et je vous bénirai. »


Mais ce ne fut que vingt jours plus tard qu’elle trouva la force d’écrire à son fils William :


21 novembre 1816.

« Mon William, cher enfant de mon âme, oh ! que ne donnerais-je pas pour me trouver auprès de vous quand vous apprendrez la douloureuse nouvelle à laquelle vous ont préparé toutes mes dernières lettres ! Il est des moments, mon fils, où notre soumission envers Dieu doit triompher des