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ÉLISABETH SETON

XXVI


L’heure du repos n’était pas venue pour elle. La douleur n’avait pas fini son œuvre dans son cœur.

La maladie de Rébecca, qui durait depuis quatre ans, devint atrocement douloureuse et se prolongea longtemps. La pauvre petite n’avait de soulagement qu’en sa mère ; et pendant les neuf dernières semaines de sa vie, Élisabeth la tint nuit et jour entre ses bras.

La patience de l’enfant était prodigieuse :


« Il semble parfois que je ne puis plus y tenir, disait-elle, à sa mère, mais un regard sur mon crucifix change tout. Oh ! mère, que n’a-t-il pas souffert, lui, quand ses os étaient tout brisés… Il ne me laisserait pas souffrir un seul moment, ce bon Sauveur, si ce n’était pour mon bien. Non, je ne puis croire que Notre-Seigneur aurait voulu m’envoyer tant de souffrances, si ce n’avait été pour me faire faire pénitence et pour me sauver… Oh ! mère, répétait-elle, dans l’excès de ses tourments, priez… priez pour ma foi. Pourtant, je ne me souviens que d’avoir eu deux fois la pensée que mes souffrances étaient trop dures. »


Les larmes de sa sœur Catherine lui faisaient mal : « Je ne m’arrête pas à la pensée que vous me laisserez dans le tombeau, disait-elle, que moi partie, vous reviendrez à la maison, toutes, sans moi. Je regarde là-haut. »

Et, elle ajoutait, en faisant à sa mère mille caresses :

« Oh ! comme je vais prier Notre-Seigneur, pour qu’il me laisse souvent venir auprès de vous, quand vous serez là, sans votre petite Becc. Comme je vais lui demander de me laisser venir et vous consoler. »

Avant de recevoir l’Extrême-Onction, elle demanda à son confesseur si c’était mal d’espérer aller droit au ciel en mourant. — Non, mon enfant bien-aimée, répondit le prêtre,