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ELISABETH SETON

Catherine, encore si jeune, gagnait son pain en enseignant chez les Sœurs. William et Richard étaient élèves au collège du Mont Sainte-Marie, éloigné seulement d’un mille de la maison Saint-Joseph. Pour l’extérieur, les manières et les dispositions, elle les déclarait tout ce que peut souhaiter le pauvre cœur d’une mère. Mais ni l’un ni l’autre ne manifestaient de vocation pour le sacerdoce, et la pensée des dangers qui menaçaient leur foi dans le monde lui était devenue un tourment. « Ne soyez point en peine de moi, si ce n’est quand vous penserez à mes pauvres garçons, écrivait-elle, à tout hasard, à Antonio Filicchi. Ils sont maintenant, pieux et d’une rare innocence, mais que cela est vite perdu ! » Le goût de William pour la marine ajoutait encore à ses craintes. Son angoisse était si grande qu’à la chute de Napoléon, quand la paix fut, rendue à l’Europe, elle se décida à envoyer son fils aux Filicchi, encore qu’elle n’en eût pas eu de nouvelles depuis deux ans. Heureusement, les bouleversements de l’époque n’avaient pas nui aux deux banquiers, et ces amis — comme il est si rare et si doux d’en avoir — furent ravis de la confiance qu’Élisabeth leur témoignait. Ils firent, à son fils un accueil parfait, et Filippo Filicchi, alors très malade, se ranima pour l’attirer dans ses bras.[1]

William s’empressa d’écrire à sa mère avec quelle cordialité on l’avait reçu. Elle en fut pénétrée de joie et de reconnaissance :


« C’est continuellement que je pense à tout ce que votre incomparable amitié a fait pour la génération entière des Seton. Mais il n’en est pas moins vrai que le souvenir que j’en ai est ce qui peut le plus augmenter ma crainte d’être indiscrète, et me faire le plus sentir avec quelle délicatesse

  1. Filippo Filicchi mourut l’année suivante ; et, à Livourne, sa mort fut estimée une calamité publique.