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ÉLISABETH SETON

pour vivre, afin de découvrir de tels endroits, s’il en existait. Mes étonnements de voir les gens attacher tant d’importance à la toilette, au monde. Mille réflexions après m’être trouvée dehors, à la promenade, ou ailleurs, me demandant pourquoi je ne pouvais y dire mes prières, et y avoir d’aussi bonnes pensées que si j’avais été à la maison. Désir de raisonner philosophie et de donner sa place à chaque chose ; incapable cependant de faire ni l’un ni l’autre. Préféré rester dans ma chambre à tous les amusements du dehors. Hélas ! hélas ! hélas ! des larmes de sang ! Mon Dieu ! horrible démenti à toutes ces bonnes promesses faites avec la plus téméraire présomption. « Dieu m’avait créée. Je me trouvais très malheureuse. Dieu était trop bon pour condamner une si pauvre créature faite de poussière et poussée par le chagrin ». Tel était mon misérable raisonnement. Laudanum. Actions de grâces, louanges à Dieu, inexprimable joie pour n’avoir pas commis cet acte horrible. Mille promesses d’une éternelle gratitude. »

Élisabeth n’a jamais fait d’autre allusion à cette lutte contre le désespoir ; et la cause de ses souffrances, à cet âge de la sensibilité extrême, est restée inconnue.


III


Mlle Bayley avait dix-neuf ans quand elle épousa M. William-Magee Seton.

Né comme elle à New-York, William Seton descendait d’une très ancienne et très noble famille écossaise. Son père était directeur de la banque de l’État de New-York, et l’un des plus riches armateurs des États-Unis.

Suivant la coutume anglaise, M. Seton avait voulu que son fils complétât son éducation par un grand voyage.

Le jeune Américain avait visité l’Écosse, l’Angleterre, la France, l’Espagne et l’Italie. Pour se rompre aux