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un désœuvré, pour un bourgeois. Ma chère amie, — vous me croirez si vous le pouvez — cet homme-là gagne à être vu de près.

Sa tranquillité sereine attire, fait rêver comme le calme des eaux profondes. C’est une nature vraiment forte, et je ne puis le regarder attentivement sans lui mettre sur les lèvres le magnifique : Je suis maître de moi, d’Auguste à Cinna.

Voilà ce qu’on gagne à lire les classiques ! et croyez-moi, ce serait une belle chose de troubler ce beau calme, de voir l’humiliation de ce superbe. Mais folie d’y songer. Il ne voit que sa fille.

Vraiment, je ne crois pas qu’il ait une pensée où elle n’entre pour quelque chose. Qu’il est donc aimable avec elle ! qu’a-t-elle fait, dites-moi, pour mériter d’être si parfaitement aimée !

L’autre soir, Maurice le pria de nous lire La fille du Tintoret, ce qu’il fit, et vous savez comme l’expression d’un sentiment puissant nous grise, nous autres pauvres femmes. Cet accent si vrai, si passionné me poursuit partout. Morte !… ô mon amie, comme il dit cela !