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corda. Pourtant je me rappelle qu’une nuit, comme je revenais d’un bal, la cloche des Ursulines sonna le lever des religieuses. Jamais, non, jamais glas funèbre n’a pénétré si avant dans mon cœur. Oh, que cette cloche prêchait bien dans le silence profond de la nuit !

Rendue dans ma chambre, je jetai là mes fourrures, et restai longtemps devant mon miroir, comme j’étais — en grande parure — et je vous assure que mes pensées n’étaient pas à la vanité. Puis, quand je fus parvenue à m’endormir, je fis un rêve dont je n’ai jamais parlé, mais qui m’a laissé une impression ineffaçable.

Il me sembla que j’étais dans la petite cour intérieure des Ursulines, quand tout à coup la fenêtre d’une cellule s’ouvrit, et je vis paraître une religieuse. Je ne sais comment, mais du premier coup d’œil, sous le bandeau blanc et le voile noir, je reconnus cette brillante mondaine d’il y a deux cents ans, Madeleine de Repentigny.

Elle me regardait avec une tendre pitié, et de la main m’indiquait la petite porte du monastère ; mais je ne pouvais avancer :