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qu’il le pense. Vous le savez, une simple parole suffit parfois pour réveiller les sentiments endormis. Ah ! si vouloir était pouvoir !…

Tantôt appuyée sur ma fenêtre, je faisais des rêves comme le Père L… en ferait s’il avait le temps. Je donnais à tous l’élan patriotique. J’éteignais les lustres des bals, je supprimais l’extravagance des banquets, tout ce qui se dépense inutilement, je persuadais à chacun et à chacune de le donner pour la colonisation.

Puis je voyais les déserts s’embellir de fécondité, les collines se revêtir d’allégresse, les germes se réjouir dans les entrailles de la terre, et à côté de la lampe de l’humble église, la lampe du colon brillait. Ah ! si chacun faisait ce qu’il peut ! Un si grand nombre de Canadiens prendraient-ils la route de l’exil ? Mais j’aime l’espérance. Nous sommes nés de la France et de l’Église. Confiance et bonsoir, chère amie.

Mina.