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Ne rougissez pas, ma très belle. Je vous embrasse comme je vous aime.


(Mina Darville à Emma S.***)


Il s’en va minuit, et je viens de fermer ma fenêtre, où je suis restée longtemps. J’aime la douceur sereine des belles nuits, et je vous plains, ma chère amie, de vouloir vous cloîtrer.

Pardon, vous n’aimez pas que j’aborde ce sujet. Il me semble pourtant que je n’en parle pas mal, mais…

Avez-vous jamais descendu le Saguenay ?…

Franchement, la vie religieuse m’apparaît comme cette étonnante rivière, qui coule paisible et profonde, entre deux murailles de granit. C’est grand, mais triste. Ma chère, l’inflexible uniformité, l’austère détachement ne sont pas pour moi.

Je me plais parfaitement à Valriant, charmant endroit, qui n’aurait rien de grandiose sans le fleuve qui s’y donne des airs d’océan. Faut-il vous dire que Maurice est