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(Mina Darville à son frère)


Moi aussi j’espère. Mais écrire au lieu de parler, c’est lâcheté pure. Mon cher, tu es un poltron.

Si Angéline le savait ! elle qui aime tant le courage ! Oui, elle aime le courage — comme toutes les femmes d’ailleurs — et il y a longtemps que nous avons décidé que c’était une grande condescendance d’agréer les hommages de ceux qui n’ont jamais respiré l’odeur de la poudre et du sang. Pour moi, j’ai toujours regretté de n’être pas née dans les premiers temps de la colonie, alors que chaque Canadien était un héros.

N’en doute pas, c’était le beau temps des Canadiennes. Il est vrai qu’elles apprenaient parfois que leurs amis avaient été scalpés mais n’importe, ceux d’alors valaient la peine d’être pleurés. Là-dessus, Angéline partage tous mes sentiments, et voudrait avoir vécu du temps de son cousin de Lévis.[1]

Tu devrais mettre la jalousie de côté, et

  1. Les Montbrun étaient une branche de la maison de Lévis.