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Si tu l’avais vue, comme elle était dans la vive lumière ! Oui, c’est bien la fée de la jeunesse ! Oui, elle a tout l’éclat, toute la fraîcheur, tout le charme, tout le rayonnement du matin !

Non, il n’aura pas le cœur de me désespérer ! Cette situation n’est plus tenable, et puisque je ne sais pas parler, je vais écrire.

M. de Montbrun m’a longuement parlé de toi. Il trouve que tu as trop de liberté et pas assez de devoirs. Il m’a demandé combien tu comptais d’amoureux par le temps qui court, mais je n’ai pu dire au juste.

D’après lui, l’atmosphère d’adulation où tu vis ne t’est pas bonne. D’après lui encore, tu as l’humeur coquette, et il vaudrait mieux pour toi entrer dans le sérieux de la vie.

Je te répète tout bien exactement. On parle de ma voix en termes obligeants, mais je n’oserais jamais en dire autant en une fois. Réprimander les jeunes filles est un art difficile. Pour s’en tirer à son honneur, il faut avoir la taille de François Ier, et ce charme de manières que tu appelles du montbrunage.