cœur est-il donc tout entier dans son cercueil ?
Non, ma chère orpheline, je ne vous reproche ni l’excès, ni la durée de vos regrets. Sait-on combien de temps une grande douleur doit durer ? Mais votre douleur je la comprends, je la partage. Vous le savez, vous n’en pouvez douter.
Mon Dieu, que n’ai-je pensé à vous faire ordonner de ne pas différer notre mariage ! Le malheur a voulu que ni lui ni moi n’y ayons songé, mais croyez-vous qu’il approuve votre résolution ?
Angéline, c’est moi qui vous emportai comme morte d’auprès de son corps. Ô Dieu ! de quel amour je vous aimais, et combien j’ai souffert de cette horrible impuissance à vous consoler.
Mais aujourd’hui, ne puis-je rien ? Je vous assure que je ne vous aimais pas plus quand mon amour vous arracha à la mort ; et je vous en supplie, par la fraternité de nos larmes, par cette divine espérance que nous avons de le revoir, consentez à m’entendre. Oh ! laissez-moi vous voir ! laissez-moi vous parler ! Pourriez-vous refuser toujours