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mettre sa félicité dans la sienne ? Pourquoi le pleurez-vous ?

Pauvre enfant ! je comprends votre faiblesse. Moi, qui n’étais que son protégé, je ne pouvais m’empêcher de l’admirer et de le chérir.

Vous savez qu’en apprenant le fatal accident, je fis vœu, s’il vivait, de me consacrer aux rudes missions du nord. Et j’aime à vous le dire, ce même soir du 20 septembre, à genoux dans l’église de Valriant, je me plaignais à Dieu qui n’avait pas accepté mon sacrifice.

Je me plaignais et je pleurais, en attendant que l’aurore me permît de commencer la messe que je voulais offrir pour lui — mon bienfaiteur. — Alors que se passa-t-il dans mon âme ? Quelle lumière céleste m’enveloppa soudain dans cette demi-obscurité du sanctuaire, où quelques jours auparavant j’avais reçu l’onction sacerdotale ? Je ne saurais le dire ; mais consolé, je fis à Notre-Seigneur le serment solennel d’user ma vie parmi les pauvres sauvages.

Vous me demandez comment je supporte cette terrible vie. La nature souffre ; mais