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J’ai passé la soirée presque entière sur le balcon, et volontiers j’y serais encore.

Mais ces contemplations ne me sont pas bonnes. Ma jeunesse s’y réveille ardente et toute vive. La nature n’est jamais pour nous qu’un reflet, qu’un écho de notre vie intime, et cette molle transparence des belles nuits, ces parfums, ces murmures qui s’élèvent de toutes parts m’apportent le trouble.

Mais tantôt, comme si elle eût deviné mes folles pensées, ma petite lectrice, qui filait seule dans sa chambre, s’est mise à chanter :

« Ce bas séjour n’est qu’un pèlerinage. »

Ce doux chant d’une simple enfant m’a rafraîchi l’âme.

« Je crois. Au fond du cœur l’espérance me reste :
« Je ne suis ici-bas que l’hôte d’un instant.
« Aux désirs de mon cœur si la terre est funeste,
« J’aurai moins de regrets, demain, en la quittant. »

Parmi les livres de Mlle Désileux, j’ai trouvé un livret dont presque toutes les feuilles sont arrachées, et qui porte à l’intérieur : « Mon Dieu, que votre amour consume mes fautes, comme le feu vient de