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Il était de la maison avant moi. J’aimais à voir cette bonne tête respectable qui avait blanchi au service de mon père.

Vous vous rappelez qu’à sa mort, il ne voulut jamais prendre aucun repos. J’y songeais en l’assistant ; je le revoyais les yeux rouges de larmes, et le chapelet dans sa rude main.

Vous ne sauriez croire, comme ces cierges qui brûlaient, ces prières récitées autour de moi, me reportaient à notre veille si douloureuse, si sacrée. Chère sœur, on m’accuse de m’être refusée à toute distraction, et pourtant j’ai fait de grands efforts. Mais quand j’essayais de me reprendre à la vie, de m’intéresser à quelque chose, ce murmure des prières récitées autour de son cercueil me revenait infailliblement et me rendait sourde à tout.

Qu’est-ce que je pouvais pour soulever le poids de tristesse qui m’écrasait ? J’aurais tout aussi bien reculé une montagne avec la main.

Non, je ne crois pas avoir de grands reproches à me faire. Dieu m’a fait cette