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à ce que mon père me contait du formidable effroi que ma mère ressentit lorsqu’elle se vit, toute jeune et toute vive, entre les mains de la mort. Son amour, son bonheur lui pesait comme un remords.

« J’ai été trop heureuse, disait-elle en pleurant, le ciel n’est pas pour ceux-là. »

Mais lorsqu’elle eut communié, ses frayeurs s’évanouirent. « Il a souffert pour moi, répétait-elle, en baisant son crucifix. »

Mon père s’attendrissait toujours à ce souvenir. Il me recommandait de remercier Notre-Seigneur de ce qu’il avait si parfaitement rassuré, si tendrement consolé ma pauvre jeune mère à son heure dernière. « Moi, disait-il, je ne pouvais plus rien pour elle. »

Horrible impuissance, que j’ai sentie à mon tour. Quand il agonisait sous mes yeux, que pouvais-je ? Rien… qu’ajouter à ses accablements et à ses angoisses. Mais en apprenant que son heure était venue, il demanda son viatique, et le vainqueur de la mort vint lui adoucir le passage terrible. Il vint l’endormir avec les paroles de la vie