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(Maurice Darville à sa sœur)


Chère Mina,


Tu feins d’être ennuyée de mes confidences, mais si je te prenais au mot… comme tu déploierais tes séductions ! que de câlineries pour m’amener à tout dire ! Pauvre fille d’Ève !…

Mais ne crains rien. Je dédaigne les vengeances faciles.

D’ailleurs, mon cœur déborde. Mina, je vis sous le même toit qu’elle, dans la délicieuse intimité de la famille ; et il y a dans cette maison bénie un parfum qui me pénètre et m’enchante.

Je me sens si différent de ce que j’ai coutume d’être. La moindre chose suffit pour m’attendrir, me toucher jusqu’aux larmes. Mina, je voudrais faire taire tous les bruits du monde autour de ce nid de mousse, et y aimer en paix.

Qu’elle est belle ! il y a en elle je ne sais quel charme souverain qui enlève l’esprit. Quand elle est là, tout disparaît à mes yeux, et je ne sais plus au juste s’il est nuit ou s’il est jour.