Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.
204
ANGÉLINE DE MONTBRUN

même en la présence de mes domestiques, des larmes brûlantes, s’échappent de mes yeux. Ô mon père ! que penseriez-vous de moi ? vous si noble ! vous si fier !

Mais je n’y puis rien. À mesure que mes forces reviennent, le besoin de le revoir se réveille terrible dans mon cœur. La prière ne m’apporte plus qu’un soulagement momentané, ou plutôt je ne sais plus prier, je ne sais plus qu’écouter mon cœur désespéré.

Ô mon Dieu ! pardonnez-moi. Ces regrets passionnés, ces dévorantes tristesses, ce sont les plaintes folles de la terre d’épreuve. Je ne saurais les empêcher de croître. Ô mon Dieu, arrachez et brûlez, je vous le demande, je vous en conjure. Ah, que de fois, pendant les jours terribles que je viens de passer, n’ai-je pas été me jeter à vos pieds. J’ai peur de moi-même, et je passe des heures entières dans l’église.

Ô Seigneur Jésus, vous le savez, ce n’est pas vous que je veux, ce n’est pas votre amour dont j’ai soif, et même en votre adorable présence, mes pensées s’égarent.

Hier, il faisait un vent furieux, une