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Maurice me regardait, et bien bas, je lui dis : « Merci ».

Une flamme de joie passa ardente sur son visage, mais il resta silencieux.

— Voyez donc comme c’est beau, lui dis-je.

Il sourit et répondit dans cette langue italienne qu’il affectionnait :

« Béatrice regardait le ciel, et moi je regardais Béatrice. »


7 août.

Près de la Pointe aux Cèdres, dans un ravin sans ombrage, sans verdure, sans eau, deux jeunes époux sont venus s’établir. Ils ont acheté et réparé, tant bien que mal, une chétive masure qui tombait en ruines, et y vivent heureux. Le bonheur est au dedans de nous, et qui sait si la magie de l’amour ne peut pas rendre, une pauvre cabane aussi agréable que la grotte de Calypso.

Il m’arrive souvent de passer par le ravin. Je porte à ces nouveaux mariés un intérêt dont ils ne se doutent guère. Cette après-midi, je voyais la jeune femme préparer son souper. Quand il fait beau, trois pierres