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26 juillet.

Longtemps, je me suis arrêtée à regarder la mer toute fine haute et parfaitement calme. C’est beau comme le repos d’un cœur passionné. Pour bouleverser la mer il faut la tempête, mais pour troubler le cœur, jusqu’au fond, que faut-il !… Hélas, un rien, une ombre. Parfois, tout agit sur nous, jusqu’à la fumée qui tremble dans l’air, jusqu’à la feuille que le vent emporte. D’où vient cela ? n’en est-il pas du sentiment comme de ces fluides puissants et dangereux qui circulent partout, et dont la nature reste un si profond mystère ?

Dieu ne donne pas à tous la sensibilité vive et profonde. Ni la douleur, ni l’amour ne vont avant dans bien des cœurs, et le temps y efface les impressions aussi facilement que le flot efface les empreintes sur le sable.

On dit que le cœur le plus profond finit par s’épuiser. Est-ce vrai ? Alors c’est une pauvre consolation. Rien de la terre n’a jamais crû parmi les cendres… les bords du volcan éteint sont à jamais stériles. Pas