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L’expression de son visage me frappa. Ses yeux étaient pleins d’une lumière que je n’y avais jamais vue. Était-ce la lumière de l’éternité qui commençait à lui apparaître ? Il en était si près — et avec quelle consolation je me suis rappelé tout cela, en écoutant le récit que saint Augustin nous a laissé, de son ravissement pendant qu’il regardait, avec sa mère, le ciel et la mer d’Ostie.

J’aime saint Augustin, ce cœur profond, qui pleura si tendrement sa mère et son ami. Un jour, en parlant à son peuple des croyances superstitieuses, le fils de tant de larmes disait : « Non, les morts ne reviennent pas » : et son âme aimante en donne cette touchante raison : « J’aurais revu ma mère. »

Et moi pauvre fille, ne puis-je pas dire aussi : Les morts ne reviennent pas, j’aurais revu mon père. Lui, si tendre pour mes moindres chagrins, lui qui était comme une âme en peine dès qu’il ne m’avait plus.

Tant d’appels désolés, tant de supplications passionnées et toujours l’inexorable silence, le silence de la mort.