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nité, cette mer sans rivages, cet abîme sans fond où nous disparaîtrons tous !

Si je pouvais me pénétrer de cette pensée ! Mais je ne sais quel poids formidable m’attache à la terre. Où sont les ailes de ma candeur d’enfant ? Alors je me sentais portée en haut par l’amour. Mon âme, comme un oiseau captif, tendait toujours à s’élever. Oh ! le charme profond de ces enfantines rêveries sur Dieu, sur l’autre vie.

J’aimais mon père avec une ardente tendresse, et pourtant, je l’aurais laissé sans regret pour mon père du ciel. Mina, c’était la grâce encore entière de mon baptême. Maintenant, la chrétienne, aveuglée par ses fautes, ne comprend plus ce que comprenait l’innocence de l’enfant. Mina, j’ai vu de près l’abîme du désespoir. Ni Dieu ni mon père ne sont contents de moi, et cette pensée ajoute encore à mes tristesses.

Dans votre riante chapelle des Ursulines, j’aimais surtout la chapelle des Saints, où je priais mieux qu’ailleurs. Pendant mon séjour au pensionnat, tous les jours j’allais y faire brûler un cierge, pour que la sainte Vierge me ramenât mon père sain et sauf,