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Ce qui me soutenait, c’était le souvenir de la bonté de Dieu, inexprimablement sentie et goûtée à l’heure redoutable du sacrifice — à cette heure où j’ai souffert plus que pour mourir.

Vous, Mina, vous savez ce que mon père était pour moi. Et qui donc à ma place ne l’eût pas ardemment et profondément aimé ? Tous les soirs, après mes prières, je m’agenouille devant son portrait, comme j’aimais à le faire devant lui, et, bien souvent, je pleure.

Pardon de vous parler si longuement de mes peines. Je n’en dis jamais rien, et j’aurais besoin d’expansion. Hélas ! je pense sans cesse à la délicieuse vie d’autrefois.

Ô mon amie, je voudrais pleurer dans vos bras, mais voici que l’infranchissable grille d’un cloître va nous séparer pour toujours. Adieu.


30 mai.

La nuit est très avancée, mais je veille en pensant à Mina qui, dans quelques heures,