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Non, je ne pouvais croire à mon malheur. Le mot de résignation me faisait l’effet du froid de l’acier entre la chair et les os, et lorsque après sa communion, mon père m’attira à lui et me dit : « Angéline, c’est la volonté de Dieu qui nous sépare » j’éclatai. Ce que je dis dans l’égarement de ma douleur, je l’ignore ; mais je vois encore l’expression de sa douloureuse surprise.

Il baisa le crucifix qu’il tenait dans sa main droite, et dit avec un accent de supplication profonde :

« Seigneur, pardonnez-lui, la pauvre enfant ne sait pas ce qu’elle dit. »

Pendant quelques instants, il resta absorbé dans une prière intense. Puis avec quelle autorité, avec quelle tendresse il m’ordonna, mot si rare sur ses lèvres, de dire avec lui : Que la volonté de Dieu soit faite !

Tout mon être se révoltait contre cette volonté et avec quelle force ! avec quelle violence ! Mais je ne pouvais pas, non, je ne pouvais pas lui désobéir, et je dis comme il voulait.

Alors, il me bénit, et appuyant ma tête