Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/137

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jouissais de la vue de la mer, de la douceur du soir, de la mélodie rêveuse des vagues clapotant le long du rivage. Mais un jeune homme en canot passa chantant : Rappelle-toi, etc., etc.

Cette romance de Musset, on l’a retenue de Maurice, et ce chant me rappela à l’amer sentiment de son indifférence.

Que dira-t-il en apprenant ma mort ? Pauvre enfant ! Pauvre Angéline ! Il me donnera une pensée pendant quelques jours — puis il m’oubliera. — Il a déjà oublié qu’ensemble nous avons espéré, aimé, souffert.

Encore si moi aussi je pouvais oublier. Et pourtant non, je ne voudrais pas. Il vaut mieux se souvenir. Il vaut mieux souffrir. Il vaut mieux pleurer.


17 mai.

Non, la loi des compensations n’est pas un vain mot. J’ai senti ces joies qui font toucher au ciel, mais aussi je connais ces douleurs dont on devrait mourir.