Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la grande infortune, c’est de tomber des hauteurs de l’amour.

Comment m’habituer à ne plus le voir, à ne plus l’entendre ? jamais ! jamais ! Mon Dieu ! le secret de la force… Ici ma vie a été une fête de lumière et maintenant la vie m’apparaît comme un tombeau, un tombeau, moins le calme de la mort. Oh, le calme… le repos… la paix… Que Dieu ait pitié de moi ! C’est une chose horrible d’avoir senti s’écrouler tout ce que l’on possédait sans éprouver le désir de s’attacher à quelque chose de permanent.


14 mai.

Depuis mon arrivée, je n’avais pas voulu sortir, mais ce soir il m’est venu, par ma fenêtre ouverte, un air si chargé de salin que je n’y ai pas tenu. Quelques minutes plus tard, j’étais sur le rivage.

Il n’y avait personne. J’ai levé le voile épais sans lequel, je ne sors plus, et j’ai respiré avec délices l’âpre et vivifiant parfum des grèves. La beauté de la nature, qui me ravissait autrefois, me plaît encore. Je