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de regrets, je parlais à ce cher portrait comme à mon père lui-même.

Je fermai les portes et les volets, j’allumai les lustres à côté de la cheminée. Alors son portrait se trouva en pleine lumière — ce portrait que j’aime tant, non pour le mérite de la peinture, dont je ne puis juger, mais pour l’adorable ressemblance. C’est ainsi que j’ai passé la première nuit de mon retour. Les yeux fixés sur son beau visage, je pensais à son incomparable tendresse, je me rappelais ses soins si éclairés, si dévoués, si tendres.

Ah, si je pouvais l’oublier comme je mépriserais mon cœur ! Mais béni soit Dieu ! La mort qui m’a pris mon bonheur, m’a laissé tout mon amour.


8 mai.


Je croyais avoir déjà trop souffert pour être capable d’un sentiment de joie. Eh bien ! je me trompais.

Ce matin, au lever de l’aurore, les oiseaux ont longtemps et délicieusement chanté, et je les ai écoutés avec un attendrissement