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Mais, ainsi qu’on a dit, dans l’amour d’un homme, même quand il semble profond comme l’océan, il y a des pauvretés, des sécheresses subites. Et lorsque sa fiancée eut perdu le charme enchanteur de sa beauté, le cœur de Maurice Darville se refroidit, ou plutôt la divine folie de l’amour s’envola. C’est en vain que Maurice s’efforça de la retenir, de la rappeler. Le plus vif, le plus délicieux des sentiments de notre cœur en est aussi le plus involontaire.

Malgré le soin qu’il prenait pour n’en rien laisser voir, Angéline ne tarda point à sentir le refroidissement. Elle ne l’avait point appréhendé.

Âme très haute, elle n’avait point compris combien la perte de sa beauté l’exposait à être moins aimée.

Sa confiance en Maurice était absolue, mais, une fois éveillée, la cruelle inquiétude ne lui laissa plus de repos. Elle n’en disait rien, mais elle observait Maurice. Il lui était impossible de le bien juger ; elle souffrait trop de son changement pour ne pas se l’exagérer, et après de terribles alternatives d’espérance et de doute,