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chambre. Ça été mon premier soin. Faut-il ajouter qu’au dessous j’ai mis votre portrait (celui volé à Mina).

J’y fais brûler une lampe, la plus jolie du monde. D’abord, c’est une prière incessante, et ensuite cette douce lumière répand sur votre portrait, je ne sais quoi de céleste qui me soutient, qui m’apaise.

Ma chère et bien-aimée, j’ai fort à faire pour ne pas lire votre lettre continuellement. Vous demandez si je pense au retour. Si j’y pense ! Mais voilà ce qui m’empêche de mourir d’ennui.

Dites-moi, est-ce bien vrai que vous avez consenti à partager ma vie ? Souvent, « je ferme les yeux pour mieux voir l’espérance. »

Ah ! j’ai aussi d’enivrants souvenirs. Le bonheur m’a touché ; j’ai versé de ces larmes dont une seule consolerait de tout. Non, je n’ai pas le droit de me plaindre, et pourtant je souffre cruellement.

Ce besoin de vous voir, qui est au plus profond de mon cœur, devient souvent une souffrance aiguë, intolérable, ou plutôt, loin de vous, je ne vis pas. Il me semble que je