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dant dans le bleu du ciel. Des bruits discrets, de jolies voix timides d’oiseaux s’élevaient dans le silence. Mais Charles ne paraissait rien voir, rien entendre.

« Sur sa figure, aucune trace ne restait du trouble de la veille ; on y lisait seulement une grande fatigue. Il semblait profondément absorbé ou plutôt plongé dans l’une de ces apathies mystérieuses qui ne sont pas rares chez lui.

« Quand nous arrivâmes au rivage, le soleil était levé, mais un épais brouillard couvrait encore la vaste mer.

« À certains endroits, ce brouillard était fort léger et tout transpercé, tout doré de lumière. Partout, il ondulait, bercé par les vagues.

« J’aurais voulu regarder à loisir. On ne m’en laissa pas le temps et nous prîmes la grève, où nous avions une bonne lieue à faire.

« Au sortir de la baie, le rivage est encombré de fragments de roche qui rendent la marche difficile. Mais cette gymnastique ne m’effrayait pas. Je me sentais d’humeur à aller loin.

« Le vent du large avait découvert l’océan.

« Encore parée de brume légère, la grève s’allongeait devant nous dans sa tristesse enchantée.

« Par-ci, par-là, des ronces, des arbustes, des fleurs pendaient à la falaise âpre et nue ; mais