voix ferme et douce, retentirent à mes oreilles comme mon glas funèbre.
Il me sembla qu’une nuit noire, glacée m’enveloppait pour jamais ; et, inconsciente du danger, dans une sorte d’affolement, je marchai vers le bord de la falaise.
— « Mon Dieu ! prenez garde, s’écria Charles.
« Il m’avait saisi les mains et me retenait fortement.
« Cela me rappela à la réalité ; mais incapable de me contenir, je fondis en larmes.
« Il ne parut pas s’apercevoir de mes larmes.
« Par un effort bien grand, je réussis à me calmer. Alors sans me regarder, il me dit : La vue de l’abîme donne le vertige… Descendons, je vous en prie.
— « Oui, lui dis-je ; et je pris sa main pour descendre, comme je l’avais fait pour monter.
— « L’air est très frais : permettez, dit-il. Et retirant gravement sa main, il ramena les deux bouts de mon écharpe et me les passa en double autour du cou.
« Nous descendîmes en silence, par le même sentier frais et sombre.
« Il me semblait que ma jeunesse était morte, tous mes rêves de bonheur en cendres. Oh ! que j’aurais volontiers pleuré !